Dans l'immense ville de Chongqing, le dernier des vieux quartiers est sur le point d'être démoli et ses habitants relogés. Le cinéaste se lie d'amitié avec le petit Zhou Hong et Madame Xue Lian, derniers témoins d'un monde bientôt disparu. Prix du meilleur documentaire français et prix du jury jeunes au Cinéma du réel 2017.
Réalisation : Hendrick Dusollier
Producteur : Maria Roche
Producteur : Camille Laemlé
Producteur : Hendrick Dusollier
Directeur de la photo : Hendrick Dusollier
Montage : Hendrick Dusollier
Son : Hendrick Dusollier
- Date de sortie en salles : 28 novembre 2018
- Type de film : Moyen métrage
- Couleur : Couleur
- Langues : Français, Chinois
- Date de production : 2017
- Pays de production : France
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Critiques (2)
- L'Obs - Nicolas Schaller: Derniers jours à Shibati""Cet étranger ne fait que filmer. Cela doit être un paumé pour qu'il vienne traîner par ici", se demande un des derniers habitants de Shibati face à la caméra Hendrick Dusollier. Globe-trotter de l'image, ce dernier a une passion pour la Chine (Babel) et pour les lieux en voie de disparition (Obras). Dans ce documentaire sans commentaire, si ce n'est ceux des autochtones qu'il croise, Dusollier suit quelques figures d'un vieux quartier, bientôt rasé, de Chongqing, mégapole chinoise de la taille de l'Autriche. Le coiffeur lui parle de "Dai Go Le", le célèbre général français. Un petit garçon l'entraîne dans le dédale des rues pour lui montrer la "cité de la lumière et de la lune", en fait le monumental centre commercial qui marque de ses enseignes et néons agressifs la frontière avec le reste de la ville. Une vieille femme lui ouvre son chez-soi, bric-à-brac poétique d'objets de récupération. Tous vivent dans le plus total dénuement mais lui offrent l'hospitalité. Pour autant, on n'est pas dans "J'irai dormir chez vous". Dusollier est retourné sur place tous les six mois durant deux ans. Aux rencontres et à l'incompréhension insolites des premiers contacts succède l'attachement à ces familles et individus relogés, contraints de faire le deuil de leur histoire et de s'adapter à la modernité. "Comment est-ce possible une pièce qui monte ?", s'étonne la mère du gamin en découvrant un ascenseur. Avec empathie, curiosité et un sens fort de l'image symbolique, Hendrick Dusollier filme les survivants d'une Chine qui disparaît."
- Libération - Julien Gester: Derniers jours à Shibati"Remarqué et couvert de prix pour ses précédentes œuvres courtes - déjà les portraits de lieux en proie à de profondes transformations -, le cinéaste français Hendrick Dusollier a effectué plusieurs voyages en Chine, et notamment à Chongqing, où il a filmé au gré de trois allers-retours en un an les étapes de la démolition express du «dernier quartier historique» de la ville, Shibati, et la ventilation forcée de sa communauté d’habitants à reloger.
Déboulant seul avec sa caméra légère sous l’œil défiant de certains des locaux, alors que les bulldozers sont sur le point d’entrer en action, il s’emploie d’abord à en décrire la géographie accidentée, entre dédale de pavés et dépotoir, ses ruelles et ses escaliers escarpés, ses habitations et échoppes souvent grandes ouvertes sur le dehors, soit là où les gens vivent ensemble, mangent, jouent au mahjong, se font couper les cheveux, selon l’usage populaire en Asie.
Dès l’entame, on l’apostrophe : «Pourquoi tu filmes ça plutôt que des choses positives ? Ton image est fausse, ce n’est pas la réalité.» Et il est vrai que l’image en question de l’îlot cerné par les avenues encombrées et les centres commerciaux, pleine de son devenir gravats, a déjà quelque chose d’anachronique, puisque les autorités s’apprêtent à les corriger. Au gré de ses déambulations, il s’attache à quelques figures choisies sans doute pour leur bel alliage de pittoresque et de bienveillance, qui le guident à travers ce paradis paradoxal bientôt perdu, sans forcément bien comprendre ce qu’il fait là, ou ce qu’il fait tout court, et se mueront bientôt en personnages - un petit garçon livré à lui-même tandis que ses parents vendent des pastèques à la sauvette, une femme âgée qui collectionne et entasse fleurs et objets chargés d’histoires, un coiffeur féru d’histoire occidentale…
Par-delà ce qu’il documente de la perdition programmée d’une certaine manière populaire d’habiter la ville, et ainsi de faire communauté dans la rue, les moments les plus marquants de Derniers Jours à Shibati se logent dans ces rencontres où on lui parle sans savoir ce qu’il comprend, quasi-monologues et conversations pour rien, à sens unique, où jaillit une parole d’autant plus nette et franche qu’elle se sait incomprise et que le filmeur, lui, ne dit mot - et la rencontre advient quand même.
Ses visites successives permettront d’approfondir les portraits esquissés tandis que les pelleteuses accomplissent leur ouvrage, illustrant avec une belle sensibilité l’une des problématiques les plus vives auxquelles se trouvent confrontés avec fatalisme les Chinois depuis que le pays s’est engagé dans la refonte effrénée de son paysage et de ses villes : troquer des lieux infestés de mémoire, effacés d’un trait depuis un bureau d’administration, et avec eux le mode de vie qu’ils ont toujours connu, contre quelques bribes de confort moderne - cuisine, salle de bains, ascenseur et toutes autres choses de cet ordre qui leur étaient jusqu’à il y a un instant presque étrangères. «C’était très différent avant, ici», s’entend dire le réalisateur au milieu du film. «Il y a dix ans ?» «Non, il y a six mois.»"
vos avis (11)
Tout voir- Genevieve10 février 2024Beaucoup d'amour dans ce quartier délabré voué à la destruction sans aucune consultation avec les habitants qui seront projetés dans une société de consommation dont ils n'ont que faire car pour eux, l'essentiel est ailleurs... comme dans le film "Le retour des hirondelles".
- Juliette20 juin 2023
- Pascale01 janvier 2023Très bon reportage et tragique en même temps... c'est la réalité du quotidien pour beaucoup de gens dans ce monde.
- Pol27 octobre 2020
- Chloé09 janvier 2020Un documentaire bouleversant et réalisé avec beaucoup de finesse.
- Pierre09 juin 2019Un très beau film, très intelligent, et d'une très grande humanité. Bouleversant.
- fabienne26 avril 2019
- delphine13 avril 2019Extrêmement touchant et édifiant à la fois. Ce nouveau monde tentaculaire qui avale tout sur son passage...
- 11 avril 2019Beau et touchant
- Didier26 mars 2019le monde qui s'évanouit devant la modernité.....et le jardin de la poésie qui disparait.....et cette grand mère au sourire éternel...magnifique témoignage..merci....
- BLOCH19 mars 2019Sublime